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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/322

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— Je le hais, je le hais, ajouta-t-elle en pressant tendrement la main de Mme de Flabert.

— Taisez-vous, dit Violette, qui voyait clairement l’état de son amie et avait peur à cause du lieu où elles se trouvaient. Elle tâcha de l’entraîner dans un salon voisin où l’on ne dansait pas, pour la mettre à l’abri des regards.

— Tu es si belle que tout le monde a les yeux sur toi, lui dit-elle ; je ne puis t’avoir à moi seule, viens ici.

Elle la fit asseoir. Il y avait bien çà et là d’autres groupes, mais assez éloignés pour ne pas entendre une conversation à voix basse. La duchesse employait tout ce que sa parole pouvait avoir de captivant et de persuasif pour arriver à cette intelligence presque en délire.

— Ma chère, lui disait-elle, tu souffres et ton âme te domine tellement que tu ne te soucies plus des choses réelles du monde qui t’entoure ; ton corps seul est ici, ton esprit n’y est plus. Moi, je te comprends ; mais les autres… Reviens à toi… aie de la force, il t’en faut ; ne compromets pas ton mari, ton nom, ta réputation, là est le triomphe. Il n’est pas difficile de se révolter contre le mal ou d’en mourir, mais de savoir souffrir sans se plaindre. Ici tu te trahirais, je vais te reconduire chez toi. Espère encore, tu es jeune, belle, si belle que tout le monde en est émerveillé ; avec cela et de la vo-