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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/351

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des malheurs que j’embrassais quand je vous ai épousé, quand j’ai sacrifié mon bonheur par obéissance, par tendresse pour mon père. Père, mère, époux, enfants sont maintenant des mots vides de sens pour moi. Si j’ai pu rester pure dans cet enfer que nous font vos vices, c’est que Lydie me regardait vivre et qu’elle aurait souffert de ma chute. Ma seule affection, ma religion est partie, elle a emporté ma force et ma vertu. Le dégoût, le désespoir m’envahissent, le courage me manque, je sens que je suis perdue, car quelle puissance pourrait désormais me sauver ?

— Moi, madame.

— Vous ? qui avez été de moitié dans tout ce qu’a fait le bourreau de Lydie ! Vous qui l’auriez tuée si vous aviez été son mari !

— Oh ! jamais, dit le duc en se reculant épouvanté.

— Jamais ! dites-vous. Je ne suis pas un ange, moi. Sans cela, je serais morte du supplice que vous m’avez fait endurer.

Edmond regardait avidement Violette, cherchant à deviner ce qu’elle allait lui dire.

— Cela vous étonne, continua-t-elle, j’étais si gaie ! mais Dieu n’avait pas voulu que je fusse malheureuse à demi. Je vous ai aimé follement, monsieur, comme une enfant, comme une jeune fille de vingt ans.