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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/50

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— Quand je l’ai conduite à sa chambre, que nous avions arrangée mieux qu’on ne l’avait ordonné, elle m’a remerciée d’un air bien doux. La comtesse l’avait tout effrayée.

— Pauvre petit ange ! Et nous nous plaignons, mesdemoiselles, nous qui avons des ailes et des chansons comme les oiseaux ; les filles riches souvent n’ont pas même une amie pour les plaindre. Vous dites qu’elle est jolie ?

— Oui.

— Qu’elle a l’air d’être bonne ?

— Oui, décidez-vous, venez avec moi.

— Pour la seconde fois aujourd’hui la colère me gagne.

— Pourquoi donc ?

— En voyant votre prévoyance et celle de la comtesse ! vraiment je vous admire. Il vous vient une jeune fille, qui sort de pension, elle est timide, innocente, il lui faut quelqu’un près d’elle, et vous allez chercher une personne rue Vivienne où l’on est rarement vertueuse et jamais ingénue, vous venez prendre dans une arrière-boutique un démon d’atelier, qui s’est élevé seule, sans guide, sans principes, dont la malice a tout deviné ; un gamin de Paris enfin dont vous ne connaissez pas même la conduite, cela vous fend le cœur.

Violette se leva vivement, parut frappée d’une pensée subite et dit avec résolution :

— Eh bien ! vous avez raison ! Si le bon sens vous