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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/82

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vir d’elle comme quatrième et ne pas jouer, ainsi que tous les soirs, avec un mort.

Mademoiselle de Cournon n’avait jamais vu de cartes ; ces figures anguleuses lui parurent insensées ; elle ne put s’empêcher de sourire. D’ailleurs, sa pensée était si loin, qu’elle ne commit que des maladresses. On fit sans elle la partie. Quelques termes consacrés, expressions techniques du whist, interrompaient seuls le silence. Lydie, dont le cœur débordait, avait peine à se contenir dans cette monotonie. Elle aurait voulu, comme un enfant joyeux, crier à l’univers entier, qu’elle verrait le lendemain son fiancé ; son âme étincelait dans ce grand salon froid comme un feu de la saint Jean dans une nuit tranquille.

— Mademoiselle, je suis sûre que vous ne vous rappelez pas avoir veillé si tard, dit tout à coup la femme du capitaine, impatientée de voir partir la jeune fille que son mari regardait beaucoup trop.

— Sans doute, répondit Victoire, je n’y pensais pas. À Sainte-Marie, on se couche de bonne heure, et vous devez être fatiguée. Vous pouvez vous retirer, mademoiselle.

Lydie salua tout le monde en inclinant la tête comme au couvent et courut à sa chambre, où elle espérait bien trouver sa chère Violette.

La petite avait réuni ses effets dans sa mansarde, les