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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/85

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couvent à l’hôtel, et cherchait à deviner si l’un d’eux n’était pas celui qu’on lui destinait. Peu à peu, ses pensées s’animèrent, elle eut peur ; cette peur augmenta et devint insensée : elle se trouvait isolée dans le monde et se croyait perdue ; alors, pour se rassurer, elle écoutait la respiration douce de la jeune fille endormie.

Ainsi se passa la moitié de la nuit. Puis, l’agitation de Lydie redoubla ; elle était sensible, nerveuse, l’atmosphère était chargée d’électricité, la chaleur de la nuit l’étouffait. Elle se leva, jeta sur elle ses jupes, sa pelisse du couvent et se mit à la fenêtre. La lune glissait sur le ciel bleu tout couvert d’étoiles, les rossignols chantaient dans les grands arbres du jardin. Ensuite, elle se promena longtemps dans sa chambre et résolut d’éveiller Violette. Elle alluma sa bougie, espérant que la clarté ferait ouvrir les yeux de la jeune fille ; mais elle fut obligée de l’appeler doucement, puis un peu plus fort, et enfin Violette parut avec un jupon court et un petit bonnet perdu dans les mèches ébouriffées de ses cheveux.

— Vous ne dormez pas, mademoiselle ! Souffrez-vous ? dit-elle.

— Oui.

— Qu’avez-vous ?

— Je ne sais. Violette, vous me disiez ce matin que vous n’aviez jamais voulu consentir à être domestique ;