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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/95

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éternelle reconnaissance comme la première personne envers laquelle elle était redevable d’un service rendu. Elle se trouvait heureuse de penser que sa richesse lui donnerait le moyen de prouver son affection, car son amie était pauvre, et que le ciel lui avait réservé d’assurer sur terre le bonheur d’une personne qu’elle aimait. La joie de trouver quelqu’un qui fasse pour nous une bonne action est cent fois moins grande que celle de pouvoir être utile à celui qui vous a fait du bien. Tous les gens qui ont un cœur ont bien quelquefois éprouvé ce bonheur infini et le comprendront aisément.

Lydie, le dos appuyé sur sa chaise, la tête inclinée vers son amie, caressait ses projets sur leur avenir à toutes deux.

— Cher ange, disait-elle, comme je vais t’aimer !

Rien n’est charmant comme un commencement d’intimité entre deux jeunes personnes, quand une sympathie mutuelle les attire l’une vers l’autre. Comme les femmes sont généralement portées à l’exagération par leur excessive sensibilité, elles sont, au début de leurs relations, plus amies que les hommes ne le seraient. Elles se sentent faibles, se trouvent à plaindre et comprennent les chagrins qui doivent les frapper. Voilà pourquoi une femme s’attache si vite à une autre femme qui lui est sympathique : c’est une autre elle-même qu’elle croit rencontrer et qu’elle aime. Ce sentiment