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Page:Larra - Le Pauvre Petit Causeur, trad. Mars, 1870.djvu/11

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comme beaucoup le font sans le dire ; de sorte que certains articles seront le manteau d’autrui, avec des collets neufs. Celui d’aujourd’hui sera de cette farine. D’ailleurs, qui pourra nous nier que de semblables articles ne nous appartiennent pas après que nous les avons volés ? Ils seront indubitablement à nous par droit de conquête. On peut donc les considérer, sans arrière-pensée, comme entièrement nôtres.

Par suite du même système, nous ne pouvons pas fixer quelles matières nous traiterons ; nous savons peu de chose, nous ne savons pas surtout les idées qui nous arriveront, ou celles que nous pourrons rencontrer. Nous rire des ridicules, telle est notre devise : être lus, tel est notre dessein, dire la vérité, tel est notre expédient.

Lorsque nous parlons de nous au pluriel, il est bon d’avertir que nous ne sommes qu’un, c’est-à-dire que nous sommes ce que nous paraissons ; mais nous prétendons aussi n’être ni plus ni moins que co-écrivains de l’époque.