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Page:Larra - Le Pauvre Petit Causeur, trad. Mars, 1870.djvu/125

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jamais mettre d’obstacles à la représentation d’une œuvre innocente. Alors, nous l’affirmons, alors nous aurons un théâtre espagnol, alors le sol des Lope, et des Calderon, des Tirso et des Moreto, recommencera à produire des génies : alors nous pourrons dire que nous avons une littérature, que nous avons un théâtre, ce divertissement rationnel qu’ont tous les pays cultivés et que jusqu’à présent nous avons laissé succomber à la puissante influence d’une infinité de tristes causes réunies.

En commençant notre numéro, nous avons dit que nous ne croyions pas qu’une occasion plus favorable pût se présenter d’exposer à la lumière du jour ces idées ; à présent, en terminant, nous ajoutons que de meilleures circonstances ne pourraient s’offrir pour mener à bien leur exécution. C’est notre reine, à qui nous devons déjà tant de reconnaissance, qui nous inspire cette confiance. Sa protection marquée pour tout ce qui est bon, un mois glorieux qui peut compter plus de grandeur que trois siècles précédents, de si belles choses qui se sont accomplies par sa volonté seule, nous font espérer que cette réforme que nous proposons, et qui offre tant de difficultés de moins, sera due aussi quelque jour à sa bienfaisante impulsion. En attendant, nous nous contentons de la désirer, d’employer tous les moyens qui sont à notre portée pour coopérer à une si grande œuvre, et nous terminons comme don Gutierre de Cárdenas termina l’avis qu’il donnait à don Fernand-le-Catholique.

« Tel, sire, est mon sentiment : s’il est prudent, Dieu en soit loué ; s’il est contraire au vôtre, ma loyauté mérite pardon : ce que vous déterminerez, sera le meilleur et le plus sage. »

Le Bachelier.