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Page:Larra - Le Pauvre Petit Causeur, trad. Mars, 1870.djvu/188

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LETTRE PANÉGYRIQUE
D’ANDRÉ NIPORESAS

À UN CERTAIN DON CLÉMENT DIAZ, GRAND POÈTE ET LITTÉRATEUR,
En réponse à une satire contre le Pauvre petit Causeur.

Dieu m’aide, seigneur don Clément Diaz, quel véhément désir j’avais de voir s’élancer dans la lice, armé de pied en cap, un vrai paladin, comme Votre Honneur le paraît, contre mon ami le bon bachelier Munguia ! Je le disais aussi, quelque accident doit être arrivé à don Clément Diaz, que ni sa réputation bien connue, ni son esprit chevaleresque, ni son grand fonds de littérature ne lui aient crié et n’aient obtenu de lui de noircir quatre pages à l’adresse de l’impertinent Bachelier. Dieu soit loué, Votre Honneur nous a délivrés d’un si grand doute, d’une si grande angoisse. Foi de Niporesas, il y avait dans la bonne renommée de mon ami Munguia une lacune notable, que pour combler il fallait l’inimitié et l’intervention de Votre Honneur.

Lui qui toute sa vie, selon le langage de certain auteur moderne, sut user d’assez de prudence, d’assez de circonspection, pour que personne jusqu’à présent ne l’ait considéré comme poète ou littérateur ? Assurément, ce fait, d’être ignoré de tous à l’un et l’autre point de vue, a tenu bien moins à l’impossibilité pour lui de se voir, il en est digne, préconisé comme tel par toutes les Espagnes, qu’à cette fatalité commune