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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/107

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VIE DE FAMILLE ET DE COUR.

mettant dans sa poésie religieuse plus de religion que de poésie.

Au demeurant, toute la suite de cette correspondance abonde en traits de tendresse et de bonhomie. Ce sont des détails sur la santé, l’éducation, le caractère, les petits accidents des jeunes sœurs et des jeunes frères, un projet de mariage qui n’aboutit pas pour le fils aîné, les maladies du père, ses occupations de courtisan, ses soucis de fortune et d’avenir avec une si nombreuse famille.

Puis de petits tableaux, en quelques traits exquis de naturel. C’est un dîner de famille, en compagnie de Boileau, pour manger « un fort grand brochet et une belle carpe », sans doute la fameuse carpe dont il fut parlé à M. le Duc. Ce sont les lettres qui arrivent de Hollande et qu’on lit en commun : « Elles me font un extrême plaisir, et nous sont d’une grande consolation à votre mère et à moi, et même à toutes vos sœurs, qui les écoutent avec une merveilleuse attention, en attendant l’endroit où vous ferez mention d’elles. » Le fils mange en Hollande d’excellentes groseilles : « Ces groseilles ont bien fait ouvrir les oreilles à vos petites sœurs et à votre mère elle-même, qui les aime fort, comme vous savez. Je ne saurois m’empêcher de vous dire qu’à chaque chose d’un peu bon que l’on nous sert sur la table, il lui échappe toujours de dire : « Racine mangeroit volontiers d’une telle chose. » C’est la fête du père et le bouquet. C’est le souvenir, commun à toutes les familles, de la promenade à la foire et de l’effarement du petit dernier devant une grosse bête, plus ou moins féroce :