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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/117

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VIE DE FAMILLE ET DE COUR.

intérêt. » Il est à croire, cependant, qu’Arnauld aurait trouvé un notable excès dans ce passage de la fameuse lettre de Racine à Mme de Maintenon sur son jansénisme : « Dieu m’a fait la grâce de ne rougir jamais ni du Roi ni de l’Évangile. » Mais, à la date de cette lettre, Arnauld était mort.

Le goût du roi pour Racine se marquait bientôt par les plus rares faveurs. Il obtenait un appartement à Versailles. Au rapport de Saint-Simon, lorsque le roi et Mme de Maintenon trouvaient le temps long, ils envoyaient chercher Racine pour jouir de son entretien. Seul avec M. de Chamlay, Racine pouvait entrer quand il voulait au lever du roi. En 1696, une maladie du roi lui ôtant le sommeil, il avait voulu que Racine couchât dans sa chambre pour lui lire Plutarque. Enfin, il était de tous les Marly, la plus recherchée des privautés royales. Il écrivait à Boileau, sans paraître se douter qu’il avait fait délicatement sa cour : « (Le Roi) m’a fait l’honneur plusieurs fois de me parler, et j’en suis sorti à mon ordinaire, c’est-à-dire fort charmé de lui et au désespoir contre moi, car je ne me trouve jamais si peu d’esprit que dans ces moments où j’ai le plus d’envie d’en avoir. »

Cependant Racine ne se croyait pas trop engagé dans la cour. Il écrivait à Mme de Maintenon : « Je passe ma vie le plus retiré que je puis dans ma famille, et ne suis pour ainsi dire dans le monde que lorsque je suis à Marly. » Ce n’était pas l’avis de quelques-uns, envieux de sa faveur ou moins pénétrés d’adoration pour le roi. D’après eux, il aurait été courtisan jusqu’à l’intrigue, cabalant avec le parti du maréchal de Luxembourg et engagé dans diverses