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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/132

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RACINE.

Maintenon, s’étant fait remettre par le poète un mémoire sur les moyens propres à soulager la misère du peuple, en lui promettant le secret, n’osa pas refuser le nom de l’auteur au roi, qui « parut désapprouver qu’un homme de lettres se mêlât de choses qui ne le regardoient pas » et ajouta même, non sans quelque air de mécontentement : « Parce qu’il sait faire parfaitement les vers, croit-il tout savoir ? et parce qu’il est grand poète, veut-il être ministre ? » Une cause analogue, aussi généreuse, devait provoquer en 1707 la disgrâce de Vauban.

Enfin, dans la lettre déjà citée. Racine exprimait la crainte qu’un mémoire qu’il avait fait remettre à Louis XIV, pour obtenir le dégrèvement d’une taxe sur sa charge de secrétaire du roi, n’eût déplu. Mais ce n’était point là, comme on l’a vu, son principal souci. Il craignait surtout d’être en défaveur pour cause de jansénisme et de cabale ; il le craignait jusqu’au désespoir : « Pour la cabale, disait-il, qui est-ce qui n’en peut point être accusé, si on en accuse un homme aussi dévoué au Roi que je suis, un homme qui passe sa vie à penser au Roi, et à inspirer aux autres les sentiments d’amour et d’admiration qu’il a pour le Roi ? » Il terminait sa lettre par cette plainte : « Je vous assure. Madame, que l’état où je me trouve est très digne de la compassion que je vous ai toujours vue pour les malheureux. »

Si l’on ne trouve pas dans cette lettre le langage d’un courtisan disgracié, où le trouvera-t-on ? Pourtant, la disgrâce de Racine à été mise en doute ; on n’y a vu qu’une « sorte de roman ou de mélodrame