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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/10

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« Le cardinal du Belloy, le bon archevêque Roquelaure, m’affectionnaient sincèrement.

« Je n’avais fait nulle difficulté de mettre l’évêque Beausset au nombre des dignitaires de l’Université, et je ne doute pas qu’il ne fût un de ceux qui s’y conduisaient le plus sincèrement dans mes intentions.

« Tous ces anciens évêques eurent ma confiance et nul ne la trompa. Ce qu’il y a de singulier, c’est que ceux dont j’ai eu à me plaindre sont précisément ceux que j’avais faits moi-même ; tant il n’est que trop vrai que l’onction sainte, en nous attachant au domaine du ciel, ne nous délivre pas des infirmités de la terre, de ses travers, de ses vilenies, de ses turpitudes, etc. »

La conversation s’est arrêtée ensuite sur le manque de prêtres en France, sur l’obligation de les engager à seize ans, et la difficulté ou même l’impossibilité d’en trouver à vingt-et-un, etc., etc.

L’Empereur voulait qu’on les ordonnât beaucoup plus tard. « C’est fort bien, lui répondaient les évêques, le pape même ; vos raisonnements sont très justes ; mais si vous attendez à cet âge, vous n’en trouverez plus, avouaient-ils, et vous admettez pourtant qu’il vous en faut. »

« Il est hors de doute, a observé l’Empereur, qu’après moi viendront d’autres principes. Peut-être verra-t-on en France une conscription de prêtres et de religieuses, comme on y voyait de mon temps une conscription militaire. Peut-être mes casernes deviendront-elles des couvents et des séminaires. Ainsi va le monde !… Pauvres nations ! en dépit de toutes vos lumières, de toute votre sagesse, vous demeurez soumises aux caprices de la mode comme de simples individus. »


Marie-Antoinette – Mœurs de Versailles – Le Père de Famille de Diderot.


Jeudi, 1er août.

Le temps était épouvantable. Sur les trois heures, le grand maréchal est venu me chercher ; j’avais précisément essayé de mettre le pied dehors, il ne m’a pas trouvé. C’étaient des Anglais qu’il avait à présenter à l’Empereur.

L’Empereur m’a fait appeler sur les cinq heures : il était de mauvaise humeur, et un peu contre moi, disait-il : la visite de ces Anglais, le mauvais temps, le manque de salon, celui d’interprète, tout l’avait contrarié.

Puis il est passé à causer de Versailles : la cour, la reine, madame Campan, le roi, ont été les principaux objets, et il a dit beaucoup de choses dont j’ai déjà cité quelques-unes, et dont je supprime un grand nombre d’autres. Il a conclu, disant que Louis XVI eût été le plus exemplaire des particuliers, et qu’il avait été un fort pauvre roi. Il a dit que