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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/117

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belle ; lui-même était gai et fort causant ; il a semblé jouir quelques instants de nos sentiments et de nos vœux ; il a voulu, nous a-t-il dit, passer toute la journée entouré de nous tous, ce qui en effet a eu lieu, causant, travaillant et nous promenant à pied ou en voiture.


École Polytechnique supprimée, etc. – Indécences des journaux anglais, etc. – Machine à glace.


Vendredi 16.

Mon fils et moi nous nous sommes rendus de très bonne heure sous la tente auprès de l’Empereur, qui a travaillé divers chapitres de la campagne d’Italie jusqu’à deux heures, qu’il s’est retiré sur l’annonce du gouverneur, marmottant : « Le misérable m’envie, je crois, l’air que je respire ! »

Pendant le déjeuner, il avait demandé le Journal des Débats, qui contenait la nouvelle organisation des académies ; il voulait voir les membres qu’on avait chassés de l’Institut. Cela a conduit à revenir sur la suppression de l’École polytechnique, que l’on disait inutile et dangereuse. Le journal anglais que nous avions reçu ne jugeait pas ainsi ; il disait que cette suppression seule valait aux ennemis de la France plus qu’une grande victoire ; que rien ne pouvait prouver davantage les véritables intentions pacifiques et l’extrême modération de la dynastie qui venait gouverner la France, etc., etc. : il disait encore beaucoup d’autres choses.

Quelqu’un remarquait à ce sujet que les papiers anglais devenaient, pour le gouvernement français, malveillants jusqu’à la grossièreté et à l’indécence… . . . . . .

Lord ou lady Holland avait, par une galanterie toute particulière, adressé à Longwood, pour l’usage de l’Empereur, une machine d’invention nouvelle propre à créer de la glace : elle nous est arrivée aujourd’hui par l’entremise de l’amiral Malcolm. L’Empereur, en ressortant vers les quatre heures, en a voulu voir l’expérience ; l’amiral s’y trouvait ; elle a été des plus imparfaites. L’Empereur, au bout de quelque temps, a pris le parti de la promenade et a emmené l’amiral, avec lequel la conversation a roulé sur une foule d’objets, et, de la part de l’Empereur, sur le ton le plus affable et le plus amical.


Idées religieuses de Napoléon – Évêque de Nantes (de Voisins) – Le pape – Liberté de l’Église gallicane – Anecdotes – Concordat de Fontainebleau.


Samedi 17.

Le vent était très violent ; il y avait tempête ; il pleuvait de temps à autre.