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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/122

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ne signifie rien, disait Napoléon, à quoi bon ma signature ? et si cela peut signifier quelque chose, il faut bien que décemment je consulte mes docteurs. »

Toutefois, pour ne pas refuser sans cesse, l’Empereur voulut paraître n’en être pas éloigné. Alors l’évêque de Nantes et les vrais évêques français accoururent aussitôt. « Ils étaient furieux, et me gardaient, disait l’Empereur, comme ils eussent gardé Louis XIV au lit de mort, pour l’empêcher de se faire protestant. Les Sulpiciens furent appelés ; c’étaient des Jésuites au petit pied ; ceux-là cherchaient quelle était ma pensée : ils ne demandaient qu’à faire ce que j’aurais voulu. »

L’Empereur a terminé disant : « Le pape m’avait dispensé de la communion publique, et c’est sur cette détermination de sa part que je juge de la sincérité de sa croyance religieuse. Il avait tenu une congrégation de cardinaux pour arrêter le cérémonial. La plus grande partie avait insisté fortement pour que je communiasse en public, soutenant que l’exemple serait d’un grand poids sur les peuples, et qu’il fallait que je le donnasse. Le pape, au contraire, craignant que je n’accomplisse cet acte que comme un des articles du programme de M. de Ségur, n’y voyait qu’un sacrilège, et s’y opposa inflexiblement. Napoléon ne croit peut-être pas, disait-il : un temps viendra sans doute où il croira ; en attendant, ne chargeons pas sa conscience ni la nôtre. »