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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/164

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trer les cantonnements de son armée dans un rayon de huit lieues, tenant des avant-gardes sur les débouchés de la Meuse et de la Sambre. Son armée eût pu alors être à Ligny le 15 à midi, y attendre l’attaque de l’armée française, ou, dans la soirée du 15, marcher contre elle pour la jeter dans la Sambre.

« 2° Cependant, quoique surpris, le maréchal Blucher persista dans le projet de réunir son armée sur les hauteurs de Ligny, derrière Fleurus, bravant la chance d’y être attaqué avant que son armée y fût arrivée. Le 16 au matin, il n’avait encore réuni que deux corps d’armée, et déjà l’armée française était à Fleurus. Le troisième corps rejoignit dans la journée ; mais le quatrième, que commandait le général Bulow, ne put arriver à la bataille. Le maréchal Blucher eut dû, aussitôt qu’il sut les Français à Charleroi, c’est-à-dire dans la soirée du 15, donner pour point de rassemblement à son armée, non Fleurus, non Ligny, qui se trouvaient déjà sous le canon de son ennemi, mais Wavres, où les Français ne pouvaient arriver que le 17. Il eût eu de plus toute la journée du 16 et la nuit du 16 au 17 pour opérer le rassemblement total de son armée.

« 3° Après avoir perdu la bataille de Ligny, le général prussien, au lieu de faire sa retraite sur Wavres, eût dû l’opérer sur celle du duc de Wellington, soit sur les Quatre-Bras, puisque celui-ci s’y était maintenu, soit sur Waterloo. Toute la retraite du maréchal Blucher, dans la matinée du 17, fut à contresens, puisque les deux armées, qui n’étaient qu’à trois mille toises l’une de l’autre pendant la soirée du 16, ayant pour communication une belle chaussée, ce qui les pouvait faire considérer comme réunies, se trouvèrent le soir du 17 éloignées de plus de dix mille toises, et séparées par des défilés et des chemins impraticables.

« Le général prussien a violé les trois grandes règles de la guerre : 1° tenir ses cantonnements rapprochés ; 2° donner pour point de rassemblement un lieu où ils puissent tous arriver avant l’ennemi ; 3° opérer sa retraite sur ses renforts.

Septième observation. – « 1° Le duc de Wellington a été surpris dans ses cantonnements ; il eût dû, le 15 mai, les concentrer à huit lieues autour de Bruxelles, tenant des avant-gardes sur les débouchés de Flandre. L’armée française manœuvrait depuis trois jours à portée de ses avant-postes ; elle avait depuis vingt-quatre heures commencées les hostilités, son quartier-général était depuis douze heures à Charleroi, que le général anglais ignorait encore tout à Bruxelles, et tous les can-