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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/247

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nent d’agir au nom de l’Empereur. C’est ainsi que Paris fut gouverné ce jour-là à l’amiable par le souffle de l’opinion et l’élan des affections privées. Aucun des grands partisans de l’Empereur, aucun de ses anciens ministres n’ayant reçu nul avis de lui, aucun d’eux n’osa signer aucun ordre ni prendre aucune responsabilité. Les papiers publics n’eussent pas paru le lendemain, si ce n’eût été le zèle de simples particuliers, qui, sans autorisation et de leur propre mouvement, les firent remplir de ce qui les animait et de ce qu’ils voyaient. Ce n’est pas autrement que Lavalette fut prendre possession des postes. Paris vécut ce jour-là sans police, sans autorité, et jamais il ne fut plus tranquille.

L’Empereur fit son entrée aux Tuileries vers neuf heures du soir avec une centaine de chevaux, et comme s’il arrivait de l’un de ses palais. Mettant pied à terre, il faillit être étouffé par un gros d’officiers et de citoyens qui se l’arrachèrent pour en toucher quelque chose, et le transportèrent à bras dans son salon. Il y trouva son dîner prêt, et se mettait à table quand arriva de Vincennes l’officier qu’on y avait envoyé le matin pour sommer le château ; il rapportait la capitulation du com-