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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/311

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Les conférences languirent d’abord beaucoup. M. de Cobentzel, suivant la coutume du cabinet autrichien, se montra fort habile à traîner les choses en longueur. Cependant le général français résolut d’en finir. La conférence qu’il s’était dit devoir être la dernière fut des plus vives ; il en arriva à mettre le marché à la main et fut refusé. Se levant alors dans une espèce de fureur, il s’écria très énergiquement : « Vous voulez la guerre ? eh bien ! vous l’aurez ; » et saisissant un magnifique cabaret de porcelaine que M. de Cobentzel répétait chaque jour avec complaisance lui avoir été donné par la grande Catherine, il le jeta de toutes ses forces sur le plancher où il vola en mille éclats. « Voyez, s’écria-t-il, eh bien ! telle sera votre monarchie autrichienne avant trois mois, je vous le promets, » et il s’élança précipitamment hors de la salle. M. de Cobentzel demeura pétrifié, disait l’Empereur ; mais M. de Gallo, son second, et beaucoup plus conciliant, accompagna le général français jusqu’à sa voiture, essayant de le retenir ; « me tirant force coups de chapeau, disait l’Empereur, et dans une attitude si piteuse, qu’en dépit de ma colère ostensible je ne pouvais m’empêcher d’en rire intérieurement beaucoup. »

M. de Gallo était l’ambassadeur de Naples à Vienne ; il y avait conduit la princesse de Naples, seconde femme de l’empereur François, dont il