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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/451

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matin, m’a fait appeler. Voulant prendre l’air, il a essayé de marcher dans le bois, mais l’air lui a paru trop vif. Il s’est dirigé alors vers le grand maréchal, chez qui il est entré, et est demeuré assez longtemps assis dans un fauteuil, où il semblait comme absorbé. La diminution de son embonpoint, la teinte de son visage, un affaissement visible nous ont frappés ; nous en avions tous le cœur navré…

En traversant le bois, il avait jeté les yeux sur les fortifications dont on nous entoure : il avait ri de pitié de tous ces travaux. On avait déshonoré nos alentours, disait-il, en enlevant l’espèce de gazon qui s’y trouvait, pour en faire de misérables revêtements inutiles et ridicules. En effet, depuis près de deux mois, le gouverneur ne cesse de remuer le terrain autour de nous ; il creuse des fossés, élève des parapets, plante des palissades : il nous a tout à fait cernés dans Longwood ; il fait en ce moment de l’écurie une véritable redoute, sans qu’on puisse y deviner aucun avantage en équivalent des sommes et des soins qu’elle aura coûtés ; aussi ces travaux excitent-ils tour à tour la mauvaise humeur et le rire des soldats et des Chinois qui y sont employés : ils n’appellent plus Longwood et son écurie que le fort Hudson et le fort Lowe ; et l’Empereur est revenu sur les frayeurs ridicules de sir Hudson