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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/46

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mirable. Plus de vingt ou vingt-cinq princes, dignitaires ou ministres étaient contraints d’y tenir maison.

« Je condamnais Versailles dans sa création, reprenait l’Empereur ; mais, dans mes idées parfois gigantesques sur Paris, je rêvais d’en tirer parti, et de n’en faire, avec le temps, qu’une espèce de faubourg, un site voisin, un point de vue de la grande capitale ; et, pour l’approprier davantage à cet objet, j’avais conçu une singulière idée, dont je m’étais même fait présenter le programme.

« De ces beaux bosquets, je chassais toutes ces nymphes de mauvais goût, ces ornements à la Turcaret, et je les remplaçais par des panoramas, en maçonnerie, de toutes les capitales où nous étions entrés victorieux ; de toutes les célèbres batailles qui avaient illustré nos armes. C’eût été autant de monuments éternels de nos triomphes et de notre gloire nationale, posés à la porte de la capitale de l’Europe, laquelle ne pouvait manquer d’être visitée par force du reste de l’univers. » Et laissant tout à coup cela, il s’est mis à nous lire le Distrait, dont le volume était depuis longtemps sous sa main ; mais il l’a presque aussitôt interrompu, soit qu’il eût été remué de ses propres pensées,