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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/474

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vers, et criant à ces jeunes soldats : « Ce n’est rien, mes enfants ; tenez ferme ; la patrie vous regarde, sachez mourir pour elle ! »

– Napoléon avait une estime toute particulière pour la nation allemande. « J’ai pu lui imposer bien des millions, disait-il, c’était nécessaire ; mais je me serais bien donné de garde de l’insulter par du mépris. Je l’estimais. Que les Allemands me haïssent, cela est assez simple : on me força dix ans de me battre sur leurs cadavres ; ils n’ont pu connaître mes vraies dispositions, me tenir compte de mes arrière-pensées ; et elles étaient grandes pour eux. »

– L’Empereur disait un jour, en parlant d’une de ses déterminations : Je n’en voulais rien faire, je me laissai toucher, je cédai ; j’eus tort : le cœur d’un homme d’État doit être dans sa tête. »

– L’Empereur faisait remarquer que nos facultés physiques s’aiguisent par nos périls ou nos besoins. « Ainsi, disait-il, le Bédouin du désert a la vite perçante du lynx, et le sauvage des forêts a l’odorat des bêtes. »

– On citait quelqu’un qui, distingué par ses conceptions et ses faits, laissait pourtant paraître parfois des lacunes choquantes dans ses manières et ses expressions. L’Empereur expliquait cette désharmonie en