Aller au contenu

Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/627

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taille d’Essling, lorsque j’eus réuni mon armée à l’île de Lobau, il y eut des deux côtés, tacitement, entre les soldats, et sans que les généraux y eussent aucune part, une suspension d’armes : le feu n’eût produit d’autre avantage que celui de faire tuer quelques factionnaires. Je courus à cheval pendant plusieurs jours et de tous les côtés. On n’attaqua ni d’un côté, ni de l’autre. Étant un jour accompagné d’Oudinot, je m’arrêtai un moment au bord de l’île, à peu près à quatre-vingts toises de distance de la rive opposée, sur laquelle étaient postés les ennemis. Ils m’aperçurent, et, m’ayant reconnu à mon petit chapeau et à mon habit gris, ils pointèrent sur nous une pièce de trois. Le boulet passa entre Oudinot et moi, et nous rasa de près tous deux. Nous donnâmes de l’éperon, et disparûmes promptement. Dans cette circonstance, l’attaque était, à peu de chose près, un assassinat. S’ils eussent tiré une douzaine de coups de canon à la fois, ils nous auraient tués.

14. — Napoléon a passé une très-mauvaise nuit : il est très-souffrant, il était encore couché ce matin à onze heures. « Docteur, m’a-t-il dit en m’apercevant, j’ai eu cette nuit une attaque de nerfs continuelle, qui m’a privé de tout repos ; j’ai eu un grand mal de tête et des agitations extrêmes ; j’ai perdu connaissance plusieurs fois : je pensais, j’espérais