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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/649

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« Je laisserai une grande réputation malgré l’immensité de mes revers. J’ai combattu dans cinquante batailles que j’ai presque toutes gagnées. J’ai écrit et fait appliquer un code de lois civiles digne du siècle. Je suis devenu par mes œuvres le premier souverain du monde. L’Europe a été à mes pieds pendant dix années. J’avais une immense ambition, je l’avoue ; mais elle était froide, toute logique, toute nationale. Les événements et l’opinion des masses me la donnaient. Comme j’ai toujours pensé que la souveraineté réside dans le peuple, et que je pense qu’on ne doit gouverner que pour lui, et sous son a action immédiate, mon gouvernement impérial était une espèce de république. Appelé à sa tête par la voix de la nation, ma maxime fut, carrière ouverte aux talents, sans distinction de naissance ou de fortune : c’est pour ce système d’égalité que les oligarchies m’ont fait une guerre implacable. La postérité me jugera dans les millions d’hommes qui ont vécu sous mes lois et dont l’assentiment et l’enthousiasme m’appuyaient. »