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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/688

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poléon, rangea un petit bataillon en carré, et fit jouer trois pièces de campagne ; la cavalerie fut arrêtée aussitôt : un des boulets vint emporter la jambe du marquis d’Anglesea. Napoléon était à la tête de la colonne, criant : « Il faut mourir ici ! mourir sur le champ de bataille ! »

Napoléon voulait exécuter une charge avec ce peu de monde, mais les tirailleurs anglais gagnaient du terrain. Labédoyère galopait autour d’eux le sabre au poing, cherchant une mort digne de lui. Les amis de Napoléon l’empêchèrent de se jeter au milieu de l’ennemi ; Soult saisit son cheval par la bride, en lui disant qu’on ne le tuerait pas, mais qu’il serait fait prisonnier ; et, avec l’aide de quelques autres personnes dont il était entouré, ce général parvint à lui faire abandonner le champ de bataille. Il n’y avait plus alors dans ce lieu que la faible colonne dont on vient de parler qui pût s’opposer aux progrès des Prussiens. Napoléon était si fatigué, que sur la route de Jemmapes et de Philippeville, il serait tombé de cheval s’il n’eût été soutenu par Gourgaud et par deux autres personnes qui l’accompagnèrent pendant la moitié du chemin. Ils gardaient tous un profond silence. Arrivé sur la route de Paris, il fut décidé que Napoléon se rendrait directement au sénat, où il