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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/772

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coûte, lui dit Barberi qui la présidait ; allons féliciter le général sur ses victoires ; l’hommage est bien mérité. La proposition fut accueillie ; on prit un canot, on se dirigea sur la Muiron. Les matelots tendirent des cordes ; Barberi monta, les autres suivirent. Je fus invité à mettre pied à terre. Je ne me doutais pas que le président abusait de la circonstance ; je croyais l’invitation unanime, j’acceptai, je débarquai avec ma suite. Je fus reçu comme on l’est quelquefois par des compatriotes : ce ne fut qu’acclamations.

« Les troupes étaient sous les armes. Les malheureux ! ils n’avaient ni vêtement ni chaussure. Je demandai où en était la caisse ; mais elle n’avait rien touché depuis sept mois. Le payeur était en avance ; il s’était obligé pour 40.000 francs qu’il avait répartis dans les corps afin d’assurer la subsistance. Je fus indigné de cet abandon. Je réunis ce que j’avais de disponible, je fis aligner la solde. je ne voulus pas que l’uniforme excitât la pitié. Le soir il y eut bal, illumination ; le pauvre le disputait au riche. Braves habitants d’Ajaccio, jamais je n’oublierai leur accueil.

« L’excellent Barberi m’avait fait passer des notes, des journaux, je