Aller au contenu

Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/823

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il ne rêvait que fuite, qu’évasion, et ne passait pas un jour qu’il ne cherchât à surprendre le seuil de son prisonnier. Enfin, le 31 mars, il déclara que si dans la journée, ou au plus tard le lendemain, son agent n’avait pas la faculté de voir le général Bonaparte, il arriverait avec son état-major et forcerait l’entrée, sans égard pour les suites fâcheuses que son irruption pourrait avoir. Le général Montholon chercha à le détourner de ce dessein, lui représenta le trouble, le désordre où son apparition jetterait l’Empereur : il ne voulut rien entendre. Il s’inquiétait fort peu qu’il vécût, qu’il mourût ; son devoir était de s’assurer de sa personne, il le remplirait. J’apercevais le tigre rodant autour de l’habitation ; j’étais suffoqué, je sortis, il me saisit au passage : « Que fait le général Bonaparte ? — Je l’ignore. — Où est-il ? — Je ne sais. — Il n’y est pas ! » Il montrait la cabane. « Il n’y est pas ! — Disparu ? — Tout à fait. — Comment ? quand ? — Je ne sais pas au juste. — Rassemblez vos idées. Depuis quelle heure ? — L’heure ! la dernière bataille qu’il a commandée est, je crois, celle d’Aboukir. Il combattait pour la civilisation, Vous défendiez la barba-