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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/856

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Le général Coffin et le marquis de Montchenu, à cheval.

Le contre-amiral et le gouverneur à cheval.

Les habitants de l’île.

Le cortége sortit dans cet ordre de Longwood, passa devant le corps de garde et trouva la garnison de l’île, au nombre de deux mille cinq cents hommes environ, rangée sur la gauche de la route qu’elle occupait jusqu’à Hut’s-Gate. Des corps de musiciens placés de distance en distance ajoutaient encore, par leurs sons lugubres, à la tristesse et à la solennité de la cérémonie. Lorsque le cortége eut défilé, ces troupes le suivirent et l’accompagnèrent vers le lieu de la sépulture. Les dragons marchaient en tête. Venaient ensuite le 20e régiment d’infanterie, les soldats de marine, le 66e, les volontaires de Sainte-Hélène, et enfin le régiment de l’artillerie royale avec quinze pièces de canon. Lady Lowe et sa fille étaient sur le chemin, à Hut’s-Gate, dans une calèche à deux chevaux. Elles étaient accompagnées de quelques domestiques en deuil, et suivaient de loin le cortége. Les quinze pièces d’artillerie de campagne étaient placées le long de la route, et les canonniers se tenaient à leurs pièces prêts à faire feu.

Parvenu à un quart de mille environ au delà de Hut’s-Gate, le corbillard s’arrêta, les troupes firent halte, et se rangèrent en bataille le long de la route. Les grenadiers prirent alors le cercueil sur leurs épaules, et le portèrent ainsi jusqu’au lieu de la sépulture par la nouvelle route qui avait été pratiquée exprès sur les flancs de la montagne. Tout le monde met pied à terre, les dames descendent de calèche, et le cortége accompagne le corps sans observer aucun ordre. Les comtes Bertrand et Montholon, Marchand et le jeune Napoléon Bertrand portent les quatre coins du drap. Le cercueil est déposé sur les bords de la tombe que l’on avait tendue en noir. On aperçoit auprès la chèvre, les cordages qui doivent servir à le descendre. Tout présente un aspect lugubre, tout concourt à augmenter la tristesse et la douleur dont nos cœurs sont remplis. Notre émotion est profonde, mais concentrée et silencieuse. On découvre le cercueil. L’abbé Vignali récite les prières accoutumées, et le corps est descendu dans la tombe, les pieds vers l’orient et la tête à l’occident. L’artillerie fait aussitôt entendre trois salves consécutives de quinze coups chacune. Le vaisseau amiral tire pendant la marche vingt-cinq coups de canon de minute en minute. Une énorme pierre, qui devait être employée dans la construction de la nouvelle maison de l’Empereur, est destinée à fermer sa tombe. Les cérémonies religieuses sont terminées, on la soulève au moyen d’un anneau dont