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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/920

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de la garnison de Paris, distingués par leur belle tenue, la vivacité et l’ensemble de leurs mouvements. Le prince de Joinville se faisait remarquer par son air modeste, simple, militaire : sa taille élevée le signalait à tous les regards. On savait avec quel dévouement il avait accompli sa mission maritime vers la terre d’exil de l’Empereur, et la détermination toute française qu’il avait montrée lorsqu’il avait appris en mer les graves événements qui menaçaient la France. Tout le monde honorait cette pieuse sollicitude pour un dépôt sacré ; l’énergique contenance des quatre cents marins de la Belle-Poule charmait la foule.

Le char de l’illustre mort s’est arrêté sous l’Arc de Triomphe de l’Étoile. De cette place souveraine, toute chargée de sa gloire, il dominait tout le cortége, serré en masses profondes dans les deux immenses avenues qui aboutissent à cette hauteur ; là il était dominé lui-même par les souvenirs immortels des victoires gravées sous les voûtes du monument. C’était une halte magnifique pour les restes du grand capitaine. Il semblait revivre sous les trophées de sa gloire impérissable. L’Arc de Triomphe de l’Étoile, juste ciel ! c’est la seule pierre qui fût digne d’être placée sur le tombeau de l’Empereur. Pendant que l’exilé se reposait ainsi sous l’Arc de Triomphe, halte