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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/930

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Cette translation eut lieu en présence du maréchal Moncey, gouverneur, et de M. le général Petit, commandant des Invalides, de l’état-major de l’Hôtel, de la division des officiers, et des treize divisions de sous-officiers et soldats. M. le général Bertrand, M. le général Gourgaud, M. de Las-Cases fils, M. Cavé, directeur des Beaux-Arts, M. Marchand, et les autres membres de la mission de Sainte-Hélène avaient seuls été invités. Quatre officiers supérieurs tenaient les quatre coins du poêle impérial. La messe des morts a été célébrée par M. l’abbé Ancelin, curé des Invalides, assisté de son clergé. Après la messe, le cercueil, la couronne impériale, l’épée et le chapeau, ce chapeau populaire, tous les ornements de ce grand deuil ont été placés sur un plan incliné en charpente masquée par des tentures noires. Une fois déposé sur ces rails, le cercueil a glissé jusque sur le soubassement préparé pour le recevoir. Cette opération terminée, M. le maréchal et tous les invités ont été introduits dans la chapelle Saint-Jérôme ; un De profundis a été chanté par le clergé et les artistes attachés à l’Hôtel. Jusqu’à l’achèvement du mausolée, le cercueil restera déposé dans la chapelle Saint-Jérôme. Voici les principales dispositions qui ont été prises pour la décoration de cette chapelle ardente.

Les chapiteaux et les bases des colonnes sont dorés ; le fût est drapé de riches étoffes d’or et de soie ; les entre-colonnements sont garnis de tentures de velours violet, semées d’abeilles, et enrichies de hautes broderies d’or. Au milieu des draperies sont appendus des trophées d’armes antiques en acier damasquiné d’un travail précieux ; au centre de leurs boucliers, on relisait ces noms sonores et glorieux : Marengo, Wagram, Austerlitz, Iéna.

La tenture est couronnée par une litre de velours violet, richement brodée aux chiffres de l’Empereur, entourés de lauriers. Entre les deux colonnes qui font face à l’entrée est élevé un soubassement de un mètre soixante-dix centimètres de haut, tout drapé de velours violet, et décoré de broderies et de moulures dorées. Sur le soubassement est placé le cercueil de l’Empereur, recouvert du même poèle impérial qui a servi à le draper lors de l’exhumation à Sainte-Hélène et pendant Ia traversée. Sur le cercueil sont déposés la couronne impériale, l’épée de l’Empereur, le chapeau que Napoléon portait à Eylau, et qu’il avait donné lui-même au célèbre Gros, lorsqu’il le chargea de peindre cette bataille mémorable. En arrière, et comme le digne accompagnement de cet illustre cercueil, sont suspendus les drapeaux prisa Austerlitz. Du milieu des drapeaux s’échappe une aigle d’or, aux ailes déployées.