Aller au contenu

Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tives ; mais c’est si près de l’Angleterre, et le chemin est tellement frequenté, que je ne remarquai aucune différence entre les habitans.

A la couchée, par un hazard allez extraordinaire, un vieux Turc, dans les habits de son pays, apparement assez misérable, venant de Dublin, pour eviter les frais du coche, était venu a pied depuis Holy-head, n’entendant pas un mot d’Anglais, il parlait par signe. Le voyant embarrassé, et sachant que presque tous les Turcs savent l’Italien, je m’addressai a lui dans cette langue, et lui fis donner les choses dont il manquait. Les ouvriers qui travaillaient a la batisse d’un pont pres de la, s’étaient assemblé pour le voir ; ils le regardaient avec surprise, et furent bien autrement étonnés quand ils m’entendirent lui parler dans une langue que n’était ni Anglais ni Gallois. Cependant, après le premier moment, un d’eux me demanda, Is not that a Frenchman ?

Mon Turc avait donné son turban a blanchir, et lorsqu’on le lui rendit le lendemain, on lui demanda, je crois, quinze pence pour le blanchissage. Le pauvre homme se débattait, et jurait en vrai Turc,