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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/180

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combattans vint toute échévelée réclamer son fils, Elle se jetta dans la mêlée, et voulait l’amener malgré lui ; les camarades s’y opposerent ; je trouvai ce la si rude pour la pauvre mere, que j’entrepris de l’aider a le recouvrer, mais on me fit entendre assez clairment, que si je ne me retirais les combattans et les spectateurs m’allaient tomber dessus ; voyant la mere se mettre a l’écart, je crus plus prudent d’en faire autant, les pauvres enfants recommencèrent la bataille, et ne la finirent qu’après s’être pochés les yeux et le nez d’une maniere cruelle, enfin pourtant l’un d’eux s’avoua vaincu, prit sa chemise, s’habilla, et ensuite au milieu de l’assistance, les deux champions ensanglantes s’embrasserent, et vuiderent le champ de bataille.

L’heure du diner venu, je me rendis chez Mr Cluny, ou je trouvai un convive, qui après avoir longtemps causé avec moi, et parlai très pur Français, eut la bonté de m’inviter pour le lendemain. Ce n’était pas mon intention de rester plus d’un jour a Berwick ; mais comme un bon diner n’est jamais une chose a dedaigner, particulièrement dans la position ou j’étais alors, et que, grâces a Dieu,