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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/25

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enfin au 15 Août, vint le moment de partir, la plus grande joie se manifesta, des cris de Vive le Roy se firent entendre de tous cotés, et lorsque sur les cinq heures du matin nous découvrîmes aux premières rayons du soleil, la ville de Bingen, de dessus le pont, nous fimes a l’Allemagne des adieux, que nous croyions éternels.

Nous joignîmes bientôt la grand colonne de la cavalerie, et nous separames pour prendre nos logemens. Nous rencontrâmes aussi la pauvre infanterie, fatiguée, couverte de poussiere, devorée des rayons du soleil. Les accents de la joye seuls se faisaient entendre ; et lors qu’au soir, harrassé de fatigue, il nous fallait oublier nos besoins, pour ne penser qu’a ceux de notre cheval, aller lui chercher des fourages, le faire boire, l’etriller, jamais la moindre plainte n’echappa ; nous avions notre but devant les yeux, et ne nous en écartions pas ; couché sur quelques brins de paille, vingt ou trente dans la même grange, 0Il n’y entendait que des chansons joyeuses, exprimants nos desirs, ou nos sentimens sur les malheurs de la Famille Roy-