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Page:Launay - Étrennes aux grisettes, 1790.djvu/15

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Pardon, monsieur le maire, si l’exposante a pu s’égarer un instant ; mais par sa franchise et ses malheurs elle a quelques droits à des égards. Si elle n’avoit la certitude que vous daignerez réprimer la licence effrénée des grisettes, le dernier vœu qu’il lui resteroit à former, seroit d’obtenir du ciel un despote devant qui tous soient égaux, pourvu que, comme chez l’empereur de la Chine, il y ait un tambour à la porte du palais, et que le prince soit tenu de descendre dès que le moindre de ses sujets a frappé sur le tambour, et que le signal de l’oppression a retenti.

Que seroit-ce donc, si d’un côté elle étoit obligée de payer au sieur Asmodée des sommes considérables, et que de l’autre l’inaction ruineuse dans laquelle elle se trouve, étoit prolongée plus long-temps ? Cependant, monsieur le maire, telle est la situation déplorable de l’exposante ; toutes les bourses des plus courtois de cette capitale ruinées par le commerce illicite que font les grisettes, est devenu la source presqu’intarissable de tous les maux. Le dénombrement des plus connus qu’elle produira par lettres alphabétiques à la fin de sa requête, suffira pour justifier complettement son assertion :