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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/100

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L’ÉCRIN DU RUBIS

en jetant au commerce des revendeuses les voiles magnifiques qui avaient caressé quelques heures ses plus secrètes beautés. Car, pour ce qui est de la valeur des splendides dentelles dont tout son linge était fait, ses revenus lui permettaient de n’en avoir plus de souci que des autres merveilles dont elle épuisait en quelques jours l’enchantement d’être parée. Seulement, ces parures de grand prix, elle les aimait comme un reflet d’elle-même, comme le symbole de ses formes, comme la châsse précieuse qui avait enfermé un instant le mystère amoureux de son corps.

Soigneusement rangées dans de petites commodes Louis XVI, elles lui rappelaient toute l’histoire de son cœur, toutes les passions qui l’avaient agitée, toutes les faiblesses auxquelles elle avait succombé. Au lieu d’en consigner le souvenir en quelqu’un de ces petits livres de maroquin à fermoir que possède toute jeune femme, elle notait sur un bristol qui restait joint à la parure, le désir, le frisson, ou le délire dont celle-ci gardait le secret.

J’en reçus la confidence un jour que devenues amantes, nous étions lasses des étreintes où nos jeunes corps s’étaient noués par dessus nos riches toilettes, à travers les voiles intimes les plus recherchés dont nous avions l’une pour l’autre, prémédité de rehausser l’hommage réciproque de nos deux voluptés.

Arabelle m’ayant proposé un tour au Bois, s’était mise