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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/120

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L’ÉCRIN DU RUBIS

Et l’on connaît les charmantes pages qu’elle lui a inspirées où il se complaît à savourer l’attrait d’une jambe couverte et « bien chaussée d’une chausse de soye de couleur ou de fillet blanc, bien tirée et tendue, puis attachée avec une belle jarretière ou avec esguillette », et qu’il juge plus « tentative » que la jambe nue, la mieux faite au tour de la perfection, si blanche et bien polie qu’elle soit et montrée dans un beau lit.

C’est sur la jambe que la nature paraît s’être complue à exercer toutes ses fantaisies ; aucune autre partie du corps n’offre la diversité de ses lignes, le piquant des courbes qu’elle dessine, dont les renflements ou les brisures ménagent de si jolies coins. Il n’en est pas de plus mobile et qui ait une telle éloquence de mouvements, tant de grâces, tant d’expression, une telle magie d’évocations en chacune de ses flexions. Il n’en est pas enfin de plus étroitement associée à l’acte d’amour dont elle est le chemin et dont elle tient la porte.

La jambe a toutes les sortes d’esprit. Comme elle est d’ordinaire fort habillée, son langage s’accompagne toujours de quelque pointe de mystère. Il pique la curiosité et donne à deviner, il s’enveloppe d’intentions et de réticences, il coquette, il suggère, il provoque de cent façons diverses. Il a tous les tons, il comporte toutes les images selon que la jambe triomphe de notre désir sous les jupes, ou s’abandonne à lui dans les jeux de la magnifique nudité. Exception faite du visage, c’est par la jambe que