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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/130

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L’ÉCRIN DU RUBIS

Elle n’eût pas démenti Barbey d’Aurevilly, qui pensait que « la parure est une arme si victorieuse que, comme le prêtre avant de ceindre l’étole, la Femme ne devrait s’en investir qu’après l’avoir sacrée de son baiser. »

On ne peut concevoir plus mystique idée du plaisir sensuel que celui que Conchita prenait ainsi à cette espèce d’office sacré dont elle avait fait les instants de son habillement et de son dévêtement. Il ne demandait plus rien à l’échange des baisers et tout aux seules évocations que lui était des figures de l’amour le symbolisme des formes, des couleurs et des parfums de son écrin de frivolités.

Elle eût souhaité des partenaires dont la sensualité eût été, comme la sienne, dégagée de l’appétit brutal de la nature, et qui eussent prêté une passivité complaisante aux ardeurs de son imagination. Ce n’est pas elle qui eût découragé chez un amant en extase le respect passionné qui avait valu à Guy de Chabanon ce mot d’une maîtresse plus soucieuse qu’elle de réalités : « Mon ami, un procédé semblable inspire aux femmes plus d’estime que de reconnaissance ! »

Elle n’eût désiré d’hommages que de cette sorte, ceux d’une félicité d’imagination empruntant, comme la sienne, tous ses éléments aux circonstances extérieures