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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/15

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L’ÉCRIN DU RUBIS

C’était une échappée sur l’intimité de fastueux dessous exhaussant nos ferveurs le long d’une échelle de mystiques blancheurs ou d’éclatantes diaprures ; c’était la rêverie sur le thème de haute dentelle ou de riche broderie d’un pantalon découvert par un geste imprudent ; l’extase aux pieds de l’idole sous la voûte enchantée des pudeurs de la parure. C’était le dessin d’une croupe saillante sculptée dans le glacis d’une robe de velours tendue sur un corset emprisonnant la taille dans son armure de daim ou de satin. C’était l’attrait fascinant d’une jambe en son arachnéen réseau de Chantilly, élevant notre adoration jusqu’au reposoir de ses élégances privées. C’étaient les paradis de délices entr’ouverts à l’imagination, par l’évasement d’une robe qui gardait ses secrets, ou par une main frôleuse clandestinement égarée dans le tiède nid des voluptés, la fiévreuse attente d’un retroussé qui refermerait sur nous le remous de ses vagues écumantes et nous engloutirait dans un abîme de félicités.

Cette lasciveté n’est d’ordinaire que l’état passager d’une obsession charnelle dont la Femme, avant de connaître l’homme, se libère le plus souvent en glissant au péché de mollesse que les théologiens définissent « la frication solitaire ou réciproque ». Mais chez les natures