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L’ÉCRIN DU RUBIS

chantournant en suaves reliefs, du galbe de leurs renflements charnus, la lingerie endimanchée des bourgeoises de l’endroit. Tantôt assises, tantôt debout suivant l’intérêt de la course, elles me présentaient dans un cadre de jupons empesés à petits plis et grande broderie anglaise avec trou-trou engrelé d’un large ruban de satin ou de soie noué sur le côté, toute une variété de pantalons, d’un blanc lavé par le soleil, tout frais sortis de l’armoire où ils attendaient les grandes occasions, qui de percale fine, qui de batiste ou de linon de soie, qui de simple madapolan, de toutes formes, à jarretière, à sabots marquise, à la Chérubin, les uns avec des festons et des dents brodés, les autres volantés de deux ou trois échelles de Valenciennes ou de Cluny, ou chargés d’entre-deux, d’engrelures, de choux et de flots de toutes nuances. Et ce m’était un ravissement indicible que de suivre les mouvements accouplés de toutes ces jambes serrées à la cheville dans leurs bottines de chevreau à boutons, ou dans la botte de daim à lacets, coulées en des bas de soie ou de fil de couleurs vives ou tendres que cerclait le ruban ou le velours de la jarretière sous la cascade des pimpants jupons.

Dans cette marée mouvante de blancheurs fanfreluchées, sous la cloche de ces centaines de robes suspendues sur ma tête, jambes et cuisses me semblaient, dans la mobilité et la souplesse de leurs flexions, avoir entre elles je ne sais quels colloques impudiques, quels bavar-