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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/171

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L’ÉCRIN DU RUBIS

compagnon de nos amours. Pendant cette période tournant toutes les têtes par les extravagances de son faste, tout Paris courait au régal de ses polissonneries sous nos robes, dans l’ivresse du mousseux de nos jupons. Il n’est pas plus charmant reportage que celui-là à travers les tréteaux qui, avec le Coucher d’Yvette, le Lever de Madame, le Coucher de la Mariée, la Puce, le Déshabillé de la Parisienne, Suzanne au Bain, et tant d’autres, distillèrent durant une couple d’années, à une foule haletante la volupté des Paradis d’illusion. Mlles Cavelli, Lidia, Holda, Renée de Presles, Bob Walter, Suzanne Derval, Angèle Héraud, Willy y apportaient à s’effeuiller de leurs pétales soyeux ou neigeux le sentiment d’une délectation vécue. C’était le supplice de Tantale. Dans l’obscurité de la salle, les yeux attisés épiaient avidement, comme ils l’eussent fait par un judas, à travers les gestes qui couvraient et découvraient tour à tour de mystérieuses profondeurs, les recoins nichés dans la pénombre des jupes, les cachettes friandes estompées d’une arabesque de dentelle, les furtifs évasements d’un volant capricieux sur le chou falbalisé d’une jarretière éclatante ou sur le tendre pastel de la peau. Et bien des mains s’égaraient sur une robe voisine pour y étreindre leur désir dans la sensation d’une fine lingerie marquant la cuisse du relief de ses ondes.

Et de même qu’on a vu payer d’enchères folles la plume d’une gloire littéraire, ou telle défroque d’un