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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/173

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L’ÉCRIN DU RUBIS

de Marie Duplessis, cette Dame aux Camélias dont M. Johannès Gros, dans un luxueux volume publié au Cabinet du Livre, a brossé le plus joli portrait que puisse inspirer une beauté aussi parfaite ; et l’on apprenait de l’inventaire après décès que cette belle-de-nuit qui payait ses chemises cent cinquante francs, enveloppait le calice de ses pudeurs d’un simple caleçon de frileuse.

Parfois le différend avait le piquant d’un déshabillé, comme lorsque la Baronne de Kaulla, pour soutenir sa revendication devant les juges, produisait une lettre où elle avait avisé sa lingère qu’elle portait son pantalon sous le corset, qu’elle le faisait glisser très bas afin qu’il ne lui grossît pas la taille, et que ceux qu’on lui avait livrés étaient trop longs de toute la dentelle. Elle les voulait « avec deux entre-deux à clair et une dentelle bien jabotante, mais le jabot montant plus haut, avec au bas un nœud de satin blanc sans bout, rien que quatre coques plates. »

Sans aller au prétoire, Mlles Bob Walter, Angèle Héraud, Suzanne Derval mirent la meilleure bonne grâce à se trousser devant M. Georges Montorgueil qui s’enquérait en historien des mœurs, du luxe de leurs dessous, non plus à la scène, mais à la ville. Et dans les lettres où, avec l’aisance que leur donnait, comme à Phryné devant ses juges, la certitude d’être sans reproche, elles dévêtaient sous ses yeux pantalons et chemises de fine batiste à entre-deux et volants de Valenciennes ou