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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/179

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L’ÉCRIN DU RUBIS

peut-être parce que le cœur ne les a pas connues, les raisons ensorcelantes, et quelquefois trompeuses, qui montaient des jupes.

Que de gens en ont repu leur imagination aux grandes ventes de l’Hôtel Drouot, quand la mort jetait aux enchères les garde-robes de nos mondaines de qualité ! Que d’émois autour de ces prodigalités d’un luxe intime qui avait des touchers d’épiderme, de douces senteurs d’armoire et que l’ombre du corps qui s’en était vêtu semblait animer d’une mourante tendresse ! Que d’amateurs de ces frivolités radieuses aux transparences évocatrices, de ces riches chemises où se sont coulés des charmes réputés, de ces pantalons surtout, tabernacles des intimités, écrins de la chair la plus secrète ! Quel prix les imaginatifs n’attachent-ils pas à la possession de ces reliques des amours passées ! Quel est donc le pouvoir magique de ces tissus, l’ensorcellement que leur communique la chair qui les a baisés ; par quel sortilège prennent-ils la figure du péché jusqu’à être le péché lui-même ?

Quand mourut Brillat-Savarin, on trouva dans un coin dissimulé de sa bibliothèque, un pantalon de femme qui témoignait que l’auteur de la Physiologie du goût n’avait pas été seulement à table un gourmet. Combien qui, captifs de l’illusion enclose dans les chiffons embaumés, se font un sérail d’ombres enchanteresses des chatoyantes parures où des Èves inconnues d’eux, d’autant plus