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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/181

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L’ÉCRIN DU RUBIS

très vivant, à ces pantalons adorablement coquets et pervers, qui, semblables aux rideaux d’alcôve que dans les estampes galantes du xviiie siècle des cupidons joufflus et roses tirent sur le bonheur de deux amants, avaient accueilli ses désirs transis et noué sur ses reins leurs gaînes à falbalas. Nulle femme ne sortait de chez lui sans laisser entre ses mains le fourreau précieux qui avait enfermé leurs étreintes.

Ces reliques de toutes formes, de tous tissus, de toutes nuances, provenaient des milieux les plus divers où sa passion pour cette bagatelle sans égale l’avait promené, de quelque Claudine pensionnaire à une midinette, d’une Andrée de Cléry à une Delphine de Lizy ou à une Valtesse de Labigne, de la Goulue à quelque Lucie Davray, d’Alice Howard à Diana Swed, depuis Je modeste pantalon de madapolam ou de percale à petits festons brodés où s’étaient timidement cachées les maigres protubérances d’un sexe en bouton, jusqu’au faste des plus merveilleux points de Venise ou de Bruges xviiie dont une beauté aristocratique ait pu estomper de leurs enveloppements radieux l’ivoire poli de son ventre et de ses cuisses et la clandestine mousse de la chair vermeille.

À côté voisinaient, en d’autres sachets d’iris, les pudeurs défuntes des illustrations du monde galant et du théâtre. Pour la plupart c’étaient des pièces sorties de l’Hôtel des ventes. En outre de ce qu’elles procla-