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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/196

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L’ÉCRIN DU RUBIS

exigeants prescrivait de la tête aux pieds une stylisation appropriée à nos diverses occupations, accordait nos intimités, des bas à la chemise, du corset au pantalon, de la chaussure à la jarretière, avec chacun des moments de notre vie mondaine.

Aujourd’hui, c’est à peine si la robe fait la diversité de la toilette, sur la monotonie d’un bas sans fantaisie et d’uniforme, comme le Richelieu et le Charles IX dont se banalisent tous les pieds. Elle-même taillée pour toutes d’une égale longueur et sur un patron en série, à l’exception de la grâce garçonnière que certes elle donne à chacune, n’a plus que l’esprit d’une tenue de pensionnat. Par dessous, une combinaison-culotte passée au saut du lit sur une ceinture de caoutchouc sans cambrure et affectée de ces jarretelles qui semblent en faire un appareil orthopédique, voilà toute l’élégance du domaine privé par toutes les saisons de l’an, et tous les instants de la journée. Adieu la fastueuse lingerie des trousseaux d’autrefois, et tout le piquant symbolisme de la terminologie qui associait une idée libertine au dessin de chacune de ses pièces : chemise puritaine pour les effarouchées qui ne livraient que le contact d’une boutonnière autorisée ; chemise de combat, grandes routes d’entre-deux, places et carrefours de transparence aux bons endroits ; chemise plastique pour souligner tous les détails ; chemise Vénus, écume de dentelle d’où émergeait la déesse ; chemise pénitence, coulissée par en haut et par