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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/207

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L’ÉCRIN DU RUBIS

ses tâtonnements qui te chatouilleront délicieusement… Nous sommes les fines chemises de batiste à entre-deux de dentelles à grand chiffre brodé sur le cœur. Nous voilerons à peine de notre transparence nacrée ton corps rose et potelé, ton mari nous préférera aux plus somptueuses toilettes, et ton miroir te dira que c’est en effet ce qui te sied le mieux… Nous sommes les pantalons garnis de dentelles et de nœuds de moire blanche, bien collants, moulant tes cuisses rondes et voilant à demi de notre guipure tes genoux fins et droits ; ton mari te regardera aller et venir dans la chambre, pimpante et coquette, avec l’allure et la mine d’un petit berger de Florian ; et ce sera l’instant des caresses gamines et des poursuites folles pleines de charme… Nous sommes les vingt-quatre douzaines de bas de soie chair et gris perle, unis et à baguettes d’argent en flèche le long du mollet dont elles aminciront la ligne ; une jambe croisée sur l’autre, sous le regard extasié de ton mari, ta main paresseuse déroulera notre subtil réseau, tandis que tu conteras les joyeux projets de la journée cent fois interrompus par des baisers ; et tu verras ton maître à tes pieds quand, soulevant le volant du pantalon, tu fixeras sur le côté par un gros nœud de satin blanc notre gaîne soyeuse au ruban de ton corset ».

Quel amant n’a pas fait la plus douce station du désir, de ces instants où la Femme savourant dans les inflexions gracieuses de ses gestes, à travers le dévoilement du