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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/212

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L’ÉCRIN DU RUBIS

Partout, c’est la sollicitation pressante du péché qui, sous la robe complaisante, accuse à demi-mots ses promesses et la perversité dont il coulera le poison dans les veines. Tout le spectacle de la vie contemporaine s’embue de cette hallucination des gestes d’accouplement qui monte de l’ensorcelante parade de nos jambes. Au café, où sous les tables elles alignent leurs croisements audacieux ; dans les bars sélects, où haut perchées sur le tabouret dont elles enserrent les flancs, le pied comme à l’étrier sur d’insidieux barreaux, elles offrent leur piquante fourche cavalière ; sur les manèges des foires, aux attractions perfides de Luna-Park où jambes et cuisses jouent de folles sarabandes de tête-bêche ou de talons en l’air avec la frêle chemise-culotte dont la patte boutonnée n’est qu’une ombre sur une ombre ; dans les dancings, où sous l’étreinte de nos danses érotiques qui ploie le buste en arrière, creuse les lombes, épouse le ventre de la Femme à la courbure de son cavalier, les jambes à petits pas sensuels s’imbriquant dans les jambes semblent mimer les hésitations d’un introït qui s’offre et se dérobe ; dans les music-halls, où soigneusement épilées comme à Mytilène et à Lesbos, vêtues d’un simple petit pagne de dentelle largement transparente ou de verroteries, les seins moulés dans des cabochons diamantés, parfois, selon la mode d’Holywood, peintes à même la peau du voile pudique qu’exige encore la censure, d’alertes et gracieuses girls, en d’impeccables ensembles de