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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/229

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L’ÉCRIN DU RUBIS

tion refusé de passer derrière le paravent où même les professionnelles abritent la pudeur des voiles qui tombent. Je l’avais accompagnée et tandis qu’elle se déshabillait, je lisais sous le masque dont elle irritait l’interrogation du désir, sa joie sensuelle à se ravaler plus bas qu’une fille par sa tranquille impudicité à effeuiller à ses pieds les suprêmes élégances de son linge vaporisé des plus fines essences ; je la voyais se faire violence pour prolonger dans les circonstances de sa pose et le souvenir qui lui en resterait ce qu’elle voulait qu’il y eût de malsain à être portraiturée dans toutes les intentions canailles d’une volupté étrange et morbide.

Van Dongen en a rendu le charme impérieux et fatal d’un pinceau érotique qui n’eut jamais autant de maîtrise que dans l’ensorcelant portrait qu’il fit de Mlle Edmonde Guy, en costume d’Ève, avec soquettes et petits souliers vernis, le buste habillé d’un collier de perles qui s’allonge entre deux seins de fillette nubile à peine ; ou encore dans cette puissante évocation de luxure qu’est sa fameuse toile des Trois Femmes. Mettez des bas rutilants à Edmonde Guy qui barrent violemment sa chair d’un trait noir à fleur de leur lisière ; sur les yeux un loup qui avive encore de son ombre l’éclatant carmin dont elle a arrondi sa bouche ; au lieu de la tache annelée et sombre qui cache l’entrée de son paradis, imaginez le glacis d’ivoire d’un blanc charnel plus accentué où le