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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/42

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L’ÉCRIN DU RUBIS

ou telle chose de son écrin intime qui n’ont de commun avec la Femme que d’être sa parure se substituent peu à peu dans notre imagination à la Femme elle-même, et prennent la valeur de toutes ses qualités extrinsèques. Dans la jouissance que nous tirons de cette illusion, la véritable cause émotionnelle, le corps, disparaît sous ce qui n’est que son lointain symbole, une représentation à peine figurée.

« C’est en cachant sa nudité, observe M. Octave Uzanne, en dissimulant ses appas, en accentuant le mystère de ses beautés désormais secrètes, avec le mensonge, la déformation et la falsification des lignes de ses vêtements, que la Femme nous apparaît telle une sphinge protéiforme posant à ses Œdipes adorateurs l’énigme de son corps problématique, indevinable et d’autant plus tentateur sous les falbalas paradoxaux de la Mode. »

Car l’amour n’est qu’une insatiable curiosité dont la robe est l’éternelle aguiche. Et c’était une femme bien aveuglée sur la puissance de ses charmes que cette odalisque du Khédive qui, questionnée sur sa toilette d’apparat, répondait : « Quand je m’habille, je laisse tomber ma jupe et je retire mon peigne ». Il y a longtemps que la volupté ne serait qu’une fleur fanée, et tarie la source du désir, si les filles d’Ève s’étaient complues dans la simple parure de leur mère.

Hélas ! la Mode d’à-présent menace de nous y ramener sous la poussée d’un débridement des mœurs qui n’est