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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/46

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L’ÉCRIN DU RUBIS

monte au cerveau cette même griserie que je ressens dans le parfum de vos robes. »

Car détrompez-vous de croire que la Femme mette dans le soin de sa personne une coquetterie qui ne vise qu’à la séduction des hommes. Il n’est plus fervent amoureux d’Ève qu’elle-même. Sauf les cas où elle ne songe qu’à l’intérêt d’un succès, elle ne sert que sa volupté dans tous les artifices de son élégance vestimentaire. Quand elle va au rendez-vous son plaisir commence dès les apprêts de sa toilette, avec le choix attentionné de tous les accessoires de sa mise, avec toutes les intentions dont les charge sa pensée tandis qu’elle s’en revêt devant la glace.

C’est pour elle comme une espèce d’office divin que de se préparer pour le sacrifice dont son corps va être l’autel. La volupté qu’elle y prend procède moins du pressentiment de sa propre jouissance que de ce que son imagination lui représente sa personne comme le symbole du mystère qui va s’accomplir et dont la parure de l’Idole est le premier rite. Elle n’est point livrée au hasard ; tout en a été choisi si je puis dire, selon le ton émotionnel du jour. Le linge de dessous, les bas, la chaussure, la robe en harmonie parfaite entre eux, sont dans un juste accord