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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/56

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L’ÉCRIN DU RUBIS

lure ramenée au bas du front, gracile dans ses attaches, mais bien en chair, la jambe faunesque avec ses talons Louis XV, c’est sur elle que je pus surprendre les secrets d’une robe dans son juponnage en mouvement. Ce fut tantôt dans la fièvre d’un envol épanouissant les volants comme les pétales d’une splendide corolle, tantôt dans les diverses flexions de ses membres ouvrant ou fermant sur l’inconnu l’étreinte de blancheurs d’alcôve, tantôt dans les languides enveloppements du repos, sous les voiles chargés d’haleine douce. J’arrachai ainsi à l’ingénuité d’Alice qui était toute à l’intérêt de ce dont je lui donnais le change de mes poursuites, les suaves délices du péché morose. C’était une rêverie passionnée tendue vers la pénétration de je ne sais quel sens mystique des choses incluses dans l’orbe de sa robe. Complaisamment et avec toute son innocence, Alice m’en accorda l’extase silencieuse. Sur elle, je pris possession en un attouchement par tous mes sens, de ce que mon imagination me représentait comme le mystère interdit. J’en saisis l’émoi d’abord dans la sollicitation éperdue de deux mollets d’un modelé achevé sous la tension d’un réseau noir de fil d’Écosse dont ma main brûla de connaître la finesse. Elle se posa légère comme une plume.

— Et vous les portez haut, petite coquette ?

Tendant sa jambe en avant elle saisit le bas de sa robe pour me montrer. Un genou à terre, je suivis le mouvement qui fit remonter l’épaisseur des jupes jusqu’à