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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/66

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L’ÉCRIN DU RUBIS

Mon ongle perdit sa pointe acérée, et s’arrondit sous votre lime au jugé de votre expérience précoce…

Oui, je me souviens, Nelly. Car sous la lueur de la veilleuse et dans les ombres de notre courtine, cette nuit-là, le murmure lointain des flots ne berça pas notre sommeil…

S’il est malaisé d’expliquer les erreurs d’un instinct qui préfère le mirage à la réalité, le voile qui cache à ce qui est caché, la représentation d’une forme à la forme elle-même, et d’une manière générale la stylisation à la vérité et à la nature, c’est un fait avéré que la robe et ses dessous ont un pouvoir de suggestion et un attrait à quoi rien ne résiste.

Et quand j’entends Mme Dash affirmer que les prêches libertaires de George Sand sont pour un bon quart dans les folies des femmes de son temps, je réponds que les élégantes perversités de la Mode sont pour les trois quarts dans les folies des hommes de tous les siècles. Je n’ai pas à dire ce qu’il en est pour nous qui leur devons les enchantements de Lesbos et les alanguissements de Narcisse. Certaines, même, subissent les effets de cette corruption charmante qu’est la toilette jusque dans la faible mesure où le costume masculin peut les provoquer. On sait le succès que leurs éclatants uniformes ont